Opéra Royal de Versailles, le 29 décembre 2024







Une excellente Flûte enchantée de Mozart, chantée en français et dans une mise en scène féerique et inventive…
un voyage dans la musique ancienne, mais bien vivante…
Opéra Royal de Versailles, le 29 décembre 2024
⭐⭐⭐⭐⭐
Note : 5 sur 5.






Une excellente Flûte enchantée de Mozart, chantée en français et dans une mise en scène féerique et inventive…
La Flûte Enchantée de Versailles : le conte est bon !
Marie Gracia
30 décembre 2024
OPÉRA – En cette période des fêtes de fin d’année, l’Opéra Royal de Versailles propose une version française de « La Flûte enchantée » dans la mise en scène féerique de Cécile Roussat et Julien Lubek, portée par une distribution vocalement remarquable. Un souffle de fraîcheur bienvenu pour ce chef d’œuvre qui, par sa sensibilité et sa profondeur dramatique continue de toucher les spectateurs par sa représentation touchante des faiblesses humaines.
Créée en 2010 à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège en collaboration avec l’Opéra Royal de Versailles, cette production conserve tout son pouvoir d’émerveillement et démontre une fois de plus sa capacité à susciter des interprétations multiples du chef d’œuvre de Mozart. Elle fusionne avec élégance l’univers des contes de fées à la Disney, l’onirisme de l’Alice de Lewis Carroll tout en préservant la quête initiatique et ses allusions aux rites de la franc-maçonnerie.
Le spectacle s’ouvre de façon originale : un personnage dépoussière un phonographe, rappelle aux spectateurs de bien éteindre leurs téléphones, puis lance le disque qui démarre les premières notes de l’opéra. L’action se déroule dans une chambre d’enfant aux proportions démesurées, où le rêve va devenir réalité dès les premières scènes. Tamino, vêtu d’un pyjama rayé, s’endort dans un lit gigantesque, d’abord menacé par un méchant serpent à côté de lui avant d’être secouru par trois dames aux tenues égyptiennes. Ce même lit servira plus tard de refuge à la jolie Pamina, représentée comme une poupée géante, entourée d’oreillers animés.
La scénographie est ingénieuse : les trois dames semblent se détacher de la cheminée comme des ornements vivants, tandis que les trois jeunes enfants apparaissent à l’intérieur de gros manteaux suspendus aux ceintres d’une gigantesque armoire magique. Un peu de Narnia avec ça ?
Les objets magiques sont réinventés de façon poétique : la flûte offerte à Tamino devient un magnifique rameau feuillu et la clochette est transformé en un réveil géant. Les personnages sont réimaginés dans l’esprit des contes : Monostatos est un ramoneur couvert de suie, descendant de la cheminée avec sa suite de petits nains aux visages disproportionnés tandis que la Reine de la Nuit surgit telle la méchante reine de Blanche Neige, d’un portrait-miroir accroché au-dessus de la cheminée. Le temple de Sarastro est transformé en bibliothèque remplie de symboles maçonniques. Une reine appelée « Araignée »
Tout évoque brillamment l’univers des contes de Perrault et de Disney, propre à nos rêves et à nos souvenirs d’enfances, tout en offrant une lecture plus mature enrichie de nombreuses références culturelles qui parlent aux adultes. Tout en restant fidèle au livret original, la mise en scène fait preuve d’une grande inventivité, qui permet de laisser libre cours à notre imagination. L’atmosphère féérique est complétée par des effets visuels enchanteurs : pluies d’étoiles, colombes blanches, acrobates et funambules.
Les magnifiques costumes, créés par Sylvie Skinazi contribuent à cette féérie : des tenues égyptiennes des trois Dames à la robe spectaculaire de la Reine de la Nuit, imaginée comme une araignée au milieu de sa toile géante en passant par la robe de poupée de Pamina aux couleurs éclatantes, qui fait écho à la poupée que tient l’enfant dans la scène finale, où Sarastro en papi bienveillant, lui lit une histoire.
Le spectacle s’achève sur une note d’espoir célébrant le triomphe du bien sur le mal, l’amour et la réconciliation de tous les personnages qu’ils aient été gentils ou méchants, dans une joyeuse célébration finale. Poupées de son
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Cette production de « La flûte enchantée » dans l’écrin merveilleux de l’Opéra Royal de Versailles réussit à enchanter spectateurs de tous âges. Cette version en français, qui répond à une volonté d’accessibilité, préserve l’essence même de cet opéra, qui entremêle élévation spirituelle et faiblesse humaine.
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