Récital ‘Le tourbillon des sentiments’ – Jaroussky – Lemieux

Un avis sur « Récital ‘Le tourbillon des sentiments’ – Jaroussky – Lemieux »

1. Daniel Turp
   16 juin 2012 (No 2012-26)

   Je suis de passage à Paris, en route vers Londres, et j’ai pu assister hier soir au Théâtre des Champs-Élysées (TCE) à un émouvant « Tourbillon des sentiments » par notre contralto nationale Marie-Nicole Lemieux et le contre-ténor Philippe Jaroussky. Accompagné par les dix instrumentistes de l’Ensemble Artaserse, les deux grandes complices des scènes lyriques européennes ont proposé un voyage dans la musique du Seicento. Alternant les duos (il y en aura eu 10 avec si l’on inclut le trois généreux rappels) et les solos, les deux artistes lyriques ont interprété des extraits de plusieurs opéras vénitiens et notamment des airs tirés de L’Incoronazione di Poppea de Claudio Monteverdi, de La Calisto de Francesco Cavalli et de l’Orfeo d’Antonio Sartario. Le programme comprenait aussi des œuvres de deux femmes compositrices de l’époque baroque : Francesca Caccini dont Marie-Nicole Lemieux a interprété la canzonetta Che desia di saper che cosa è amore et Barbara Strozzi dont le lamento Sul rodano severo a été chanté en duo. Ce concert a donné lieu à des moments de grâce, l’interprétation par Marie-Nicole Lemieux au milieu de la première partie du concert du lamento d’Escuba extrait de La Didone de Francesco Cavalli comptant parmi les grands moments de la soirée. L’émotion pure était au rendez-vous et le public du Théâtre des Champs-Élysées fut dès lors conquis. Philippe Jaroussky participa à cette conquête en interprétant- avec la virtuosité et le raffinement qui sont les siens- le lamento d’Idraspe de L’Erismena de Francesco Cavalli. La deuxième partie offrira, comme la première, des instants qui démontrent que la musique est un ordre de beauté. L’interprétation par Philippe Jaroussky- avec les nuances et les couleurs qui font son art- de la chaconne Amati, io vi so dire, extraite des Musiche e poesie varie de Benedette Ferrrari ne peut qu’émouvoir. Le coupe Lemieux-Jaroussky termina le concert de façon aussi énergique qu’humoristique avec la cantate a due sur la chaconne Lagrimosa beltà de Giovanni Felice Sances. Comme l’affirmera ma voisine au TCE et après le bis de ce Lagrimosa beltà en rappel, ce concert au révélé « le bonheur de chanter » de deux grands artistiques lyriques que d’autres mélomanes pourront entendre dans le cadre d’une tournée européenne qui a commencé à Halle et Essen en Allemagne et Toulouse en France et les amènera, après les deux concerts de Paris, à Poznan en Pologne (17 juin), à Angers (19 juin), Nantes (20 juin), Mérignac (22 juin) en France, à Baden Baden en Allemagne (24 juin) et à Valladolid en Espagne (28 juin).

   Program:

   Francesco Cavalli
   Sinfonia from L’Orione

   Antonio Sartorio
   “Cara e amabile catena” — Duet of Euridice and Orfeo from Orfeo

   Francesco Cavalli
   Scene of Linfea and Satirino from La Calisto
   Lamento of Ecuba from La Didone

   Giovanni Pandolfi
   Sonata per violino, op. 4. Nr. 3 “La monella romanesca”

   Francesco Cavalli
   “Uscitemi dal cor lagrime amare” — Lamento of Idraspe from Erismena

   Francesca Caccini
   Canzonetta “Qui desia di saper che cosa è amore”

   Claudio Monteverdi
   Scene of Valletto and Damigella from L’Incoronazione di Poppea

   * * *

   Giacomo Carissimi
   “Vaghi rai” — Duetto da camera

   Barbara Strozzi
   Lamento “Sul rodano severo”

   Marco Uccellini
   Sinfonia “La Gran Battaglia”

   Giacomo Carissimi
   “Rimanti in pace” — Duetto da camera

   Giovanni Legrenzi
   Sonata a tre “La spilimberga”

   Benedetto Ferrari
   “Amanti, io vi so dire”

   Claudio Monteverdi
   “Di misera Regina” — Lamento of Penelope from Il ritorno d’Ulisse in patria

   Giovanni Felice Sances
   “Lagrimosa beltà” — Cantata à due sopra la ciacconna

   Encores:

   Claudio Monteverdi
   “Pur ti miro” from L’incoronazione di Poppea
   “Lidia spina del mio core” from Scherzi musicali

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